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La Fonderie Nicolas poursuit sa saga

Sortie du groupe Delachaux, elle a un nouveau patron.

Installée à Nouzonville depuis 1880 _elle s'appelait alors Hardy Capitaine_, la Fonderie Nicolas a bien failli disparaître fin 2012.
Touché par un changement d'actionnariat, le groupe Delachaux auquel elle était intégrée voulait, en effet, se séparer de sa branche « fonderies » et par ricochet de sa filiale ardennaise, spécialisée dans la fabrication en petite et moyenne série de pièces en fonte de 10 à 35 kg.
Il a fallu la ténacité de son responsable de production, Mohand Ben Bournane, 49 ans, pour empêcher une nouvelle défaillance d'entreprise dans la Vallée de la Meuse.
« J'avais déjà vécu cette triste expérience chez Grandry lors de la liquidation de l'entreprise carolo. Je n'ai pas voulu connaître ça une deuxième fois. Je ne me faisais pas à l'idée qu'on puisse sacrifier une PME qui avait le savoir-faire, un marché spécifique et les capacités (1) pour continuer de tourner. Soit j'allais voir le psy, soit j'utilisais mes réseaux et mon expérience pour sauver une boîte qui a régulièrement eu des résultats satisfaisants mais n'intéressait aucun repreneur ».
Fort de la reconnaissance du personnel en place (32 salariés repris dans les mêmes conditions), Mohand « tombe dans la réflexion » pour éviter un énorme gâchis.
Avec le soutien d'un chargé de mission au cabinet d'expertise comptable KPMG, il met un an à réaliser une étude de faisabilité et un business plan et à collecter diverses aides (2).
« Car, je n'ai pas repris l'entreprise pour l'euro symbolique ».
Et le 21 décembre 2012, il rachète les bâtiments, le fonds de commerce et les matériels des Fonderies Nicolas.
Il confesse pourtant être passé par des moments difficiles.
« Les négociations avec la maison mère ont été éprouvantes mais j'ai senti un souffle derrière moi en rencontrant des gens qui m'ont encouragé et aidé : Mm. Guillaumin et Ravignon et des industriels ardennais m'ayant assuré leur partenariat et un premier volant d'affaires. Ce qui témoigne d'un changement de mentalité dans l'industrie locale où, face à la crise, les entreprises sont plus complémentaires ».
Désormais patron de la fonderie de fontes nouzonnaise, Mohand Ben Bournane espère maintenir en vie l'outil de travail et vise un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros à l'horizon 2016. « En restant à la pointe de la technologie, en étoffant un service commercial longtemps en somnolence et en s'ouvrant de nouveaux horizons. A ce titre, l'investigation vers les pays du Maghreb peut constituer une voie d'amélioration intéressante ».
Ce fils d'ouvrier dont les parents ne savaient ni lire, ni écrire avait, antérieurement, exercé à La Fonte Ardennaise et chez Thyssen puis contribué à la création de Chooz Techni Finition. Un nouveau challenge s'ouvre à lui. Mais Mohand Ben Bournane sait aussi le défi qui l'attend : « c'est à la fin du bal qu'on paiera les musiciens ».

Pascal Remy

Article paru dans le supplément ECONOMIE de L'UNION / L'ARDENNAIS le mardi 5 février 2013.