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Le prestige pour gagner en notoriété

ROCROI (Ardennes). Une fonderie ardennaise, implantée à Rocroi, se distingue avec des produits d'art.

Conformément à la tradition ardennaise d'un savoir-faire qui ne se travestit pas en tape à l'œil, la modestie et l'aspect quelque peu fatigué du bâtiment de la fonderie rocroyenne d'aluminium (Ardennes) contraste étrangement avec les lieux prestigieux auxquels certaines de ses pièces sont destinées.
Abritant huit salariés, cette fonderie ardennaise, située à Rocroi, dans une impasse, est spécialisée dans la production de pièces d'aluminium à destination de l'industrie. Mais elle a aussi développé d'autres spécificités. « Mon prédécesseur avait déjà un savoir-faire dans la fabrication de pièces d'aspects en travaillant en sous-traitance pour l'entreprise de luminaire Tredon à Poix-Terron… Je poursuis toujours cette activité mais j'ai cherché à me diversifier en ouvrant notre production à d'autres secteurs », explique Bertrand Petit qui a repris le site en 2005. Ainsi, outre les pièces mécaniques comme des turbines, des carters et du mobilier urbain, la fonderie s'est lancée dans un secteur qui évoque davantage luxe, chic, calme et volupté. C'est la rencontre en 2007 avec l'architecte Édouard François, spécialiste de l'habitat végétal qui va offrir l'opportunité à la petite unité ardennaise de se lancer dans la production design avec la réalisation de 4 000 tiges d'aluminium ressemblant à des branches d'arbres. Destination : la cour intérieure du Fouquet's, sur les Champs-Elysées.

« Il faut tenter de sortir du carcan de la sous-traitance »

Une aubaine qui a permis, « grâce aux marges plus importantes » d'accélérer le programme d'investissement de la petite entreprise dont la première tranche s'élève à 75 000 euros. Et la chance de mettre un pied dans un marché prestigieux. « Même si les occasions ne sont pas régulières et que le marché est difficilement accessible car il faut être introduit », glisse le directeur qui voit néanmoins avec cette nouvelle perspective de nombreux avantages pour sa société qu'il espère pouvoir exploiter.
« C'est un ticket d'entrée pour d'autres marchés similaires et cela met en valeur le travail de tous les salariés de l'entreprise pour qui il est motivant de pouvoir revendiquer ce type de produits. » D'autres commandes ont ainsi suivi comme la réalisation de 40 sièges design pour le bar Lincoln chez Ladurée, toujours sur les Champs-Elysées, le remplacement de grilles de sécurité qui surplombe l'Arc de Triomphe ou encore le remplacement de pièces des arcades du musée d'Orsay. Puis grâce au partenariat avec une fonderie de la région parisienne est arrivée la production de bornes pour les Autolib à Paris. Autant de réalisations qui permettent d'acquérir une certaine notoriété parisienne. « Il faut tenter de sortir du carcan et de la facilité de la sous-traitance même si cela reste une bonne partie de notre activité », tempère Bertrand Petit tout en reconnaissant néanmoins que l'idéal serait de pouvoir davantage traiter en direct avec les clients afin de réaliser des produits finis.
Pour ce faire, il étudie la possibilité de s'organiser en réseau avec d'autres entreprises exerçant dans le bois, le verre et la fonte avec pour objectif affiché de se positionner sur ces marchés de niches. En attendant, la fonderie d'aluminium s'attelle à un nouveau programme de rénovation de son site jusqu'en 2013 : « Il nous faut sortir de l'image vieillotte qui nous colle à la peau. » Un embellissement qui participe à l'ouverture vers le marché du haut de gamme.

Carl Hocquart

Article paru dans le supplément ECONOMIE de L'UNION / L'ARDENNAIS le mardi 17 avril 2012.