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Saut technologique pour la fonderie

Voici un bel exemple inédit de rapprochement, tant invoqué par les politiques, entre le secteur de la recherche et l'industrie. Pendant un an et demi, à l'initiative du Syndicat des Fondeurs Ardennais, une étude sur le développement de la chaîne numérique en fonderie a été réalisée pour permettre à neuf PME ardennaises de monter en compétences et en compétitivité.

« La maîtrise de la CAO est un gage de qualité et de compétence »

Cette collaboration a fédéré les compétences du Critt, de l'IFTS et de la plateforme technologique du lycée Bazin et l'Ensam (école nationale supérieure des Arts et métiers) pour améliorer les phases de conception et de maîtrise des matériaux grâce à la conception assistée sur ordinateur (CAO). « Si les fondeurs maîtrisent souvent parfaitement la partie process, ils ont besoin aujourd'hui de mieux appréhender la partie conception pour valoriser leur savoir-faire », souligne Hervé Bonnefoy, enseignant-chercheur à l'IFTS, dont la démarche, avec l'ensemble des chercheurs, a été de s'appuyer résolument sur des constatations de terrain. « Cela permet de faire du sur-mesure en apportant des solutions au plus près des spécificités de chacune des fonderies. »


L'outil de CAO permet de réaliser une définition numérique tant de la pièce que de l'outillage nécessaire à sa réalisation. D'abord grâce à une technologie de pointe qui peut par exemple scanner une pièce déjà existante (rétro conception). Ou plus simplement, la CAO permet de concevoir une pièce ex-nihilo à partir d'une modélisation en 3D : Les volumes, la résistance des matériaux mais aussi toutes les étapes de productions peuvent ainsi êtres établis. « Cela permet non seulement de supprimer certaines opérations mais aussi d'optimiser l'utilisation du matériau car corriger une opération en numérique ne coûte rien », indique Renaud Mignolet, ingénieur métallurgiste et enseignant chercheur associé. Plus réactive, les entreprises peuvent plus facilement produire de la petite série ou de la pièce unitaire, mais aussi fixer des coûts de productions dans un temps réduit. Mais surtout, la maîtrise de la chaîne numérique rehausse ces entreprises, souvent sous-traitantes, au niveau des donneurs d'ordre en devenant co-concepteurs. Pour atteindre et poursuivre ce développement, l'ensemble des fondeurs ont mutualisé leurs moyens pour acheter un logiciel de CAO dont le coût s'élève à 60 000 €. Fort de cette réussite, un projet nouveau émerge à l'IFTS : « Créer une organisation pour être le chaînon manquant entre la recherche et l'industrie à destination des PME. »

Carl HOCQUART

Article paru dans l'Union/L'Ardennais du 3 avril 2012.